Paul Ier de Russie (en russe : Павел I Петрович, Pavel I Petrovitch ; né le , assassiné le à Saint-Pétersbourg) est empereur de Russie de 1796 à sa mort en 1801, duc de Holstein-Gottorp de 1762 à 1773 (Paul de Holstein-Gottorp). Il a occupé également les fonctions de facto de Grand maître de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem entre 1798 et 1801.
Paul Ier de Russie appartient à la première branche de la Maison d’Oldenbourg-Romanov (Holstein-Gottorp-Romanov) issue de la première branche de la Maison de Holstein-Gottorp, elle-même issue de la première branche de la Maison d'Oldenbourg. Il est l’ascendant de l’actuel chef de la Maison impériale de Russie, le grand-duc Dimitri Romanovitch et du prince Georgui de Russie.
Paul Ier, dont la filiation est incertaine (est-il le fils de Pierre III assassiné en 1762 ou de Saltykov, l'amant de sa mère ?) a été élevé par Nikita Panine. Obsédé par la mort tragique de son père, il commence à s’engager dans des intrigues, car il soupçonne sa mère de vouloir le faire assassiner. Après la mort de sa première épouse et de l'enfant qu'elle porte (1776), l’impératrice lui procure une autre épouse, la belle Sophie-Dorothée de Wurtemberg, baptisée en russe « Maria Feodorovna », qui lui donne dix enfants.
À la naissance du premier de ses petits-enfants, Catherine II lui donne le domaine de Pavlovsk. Paul et son épouse voyagent en Europe, notamment à Paris sous les noms d'emprunt de comte et comtesse du Nord. Le 22 juin 1782 à 11 heures et demie du matin ils traversent Varades (44) suivis de six voitures. Ils allaient à Brest en Bretagne[1]. En 1783, l’impératrice lui offre une autre propriété à Gatchina, où il est autorisé à maintenir une brigade de soldats qu’il dirige sur le modèle prussien.
Catherine II, consciente de l’incapacité de son fils à gouverner, préparait sa succession en faveur de son petit-fils Alexandre mais elle meurt d’une crise cardiaque et Paul, méfiant, fait brûler tous les documents relatifs à la succession de sa mère.
Paul est animé d'une profonde rancune envers sa mère, ses favoris, ses conseillers et tout ce qu'elle admirait. Anéantir l'œuvre et les décisions de la Grande Catherine est une constante de son court règne de cinq ans. Sa politique prend véritablement le contre-pied de celle de sa mère :
Face aux victoires de la France, Paul Ier rejoint le camp des ennemis de la France révolutionnaire. La Russie entre en guerre contre la France en tant que membre de la deuxième coalition dont Paul Ier est le principal artisan et qui comprend également la Grande-Bretagne, l'Autriche, le royaume de Naples, le Portugal et l'Empire ottoman.
Dans le cadre de cette guerre, une flotte russe commandée par l'amiral Otchakov franchit les Détroits et s'empare des îles ioniennes sous domination française et y rétablit la souveraineté turque. L'influence russe en Méditerranée s'accroît encore puisque l'empereur de Russie accepte, à la demande des chevaliers de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, d'être élu grand-maître. Cet évènement sans précédent dans l’histoire de l’Ordre puisque Paul Ier est orthodoxe et marié, amène le pape Pie VI à ne pas le reconnaître comme grand maître. Au décès de Paul Ier, en 1801, son fils Alexandre Ier de Russie, conscient de cette irrégularité, décide de rétablir les anciens us et coutumes de l’Ordre catholique des Hospitaliers[2], par un édit du par lequel il laisse les membres profès libres de choisir un nouveau chef. Néanmoins, étant donnée l’impossibilité de réunir l’ensemble des électeurs, le comte Nicolas Soltykoff assure l’intérim de la charge. Finalement, en 1803, il est convenu que la nomination du grand maître incombe uniquement et exceptionnellement au Pape Pie VII alors régnant ; le [2], le pape choisit le candidat élu du Prieuré de Russie, le bailli Giovanni Battista Tommasi.
Le continent européen reste néanmoins le principal théâtre d'opérations. Des troupes russes viennent renforcer les Alliés dans les Pays-Bas autrichiens et en Suisse mais c'est en Italie que l'intervention russe connaît ses succès les plus importants. Une armée de 18 000 Russes et de 40 000 Autrichiens commandée par Souvorov contraint les Français à se retirer d'Italie et de Suisse. Il ne peut néanmoins envahir la France, battu par Masséna en Suisse. En Hollande, le général Brune contraint les Austro-Russes à déposer les armes.
Profondément mécontent de l'attitude de l'Autriche et de la Grande-Bretagne qui n'ont pas suffisamment soutenu les troupes russes dans les Pays-Bas, Paul Ier se retire de la coalition. En 1800, il change de camp et se rapproche de la France, considérant la prise du pouvoir par Bonaparte comme un gage de stabilité, chassant les émigrés de Milan. Avec la Prusse, le Danemark et la Suède, il adhère à la Ligue des Neutres et manifeste son mécontentement envers l'Angleterre.
Une conspiration est organisée notamment par les comtes Pahlen et Panine, et un aventurier mi-espagnol mi-napolitain, l'amiral José de Ribas. La mort de Ribas en retarde l’exécution. Dans la nuit du 23 mars 1801, Paul est assassiné dans sa chambre du palais Saint-Michel par un groupe d’ex-officiers menés par le général Bennigsen, un Hanovrien au service de la Russie : les soldats font irruption dans la chambre impériale après avoir pris un souper très arrosé ensemble. Ils obligent l’empereur à signer son abdication. L’empereur résiste, l'un des assaillants le frappe avec une épée, puis il est étranglé et piétiné à mort. Selon une autre thèse, la tête de Paul Ier aurait heurté le dessus de cheminée[réf. souhaitée]. L’un des meurtriers, le général Zoubov, annonce à Alexandre Ier, qui réside au palais, son accession au trône.
Le prétendant au trône de France, futur Louis XVIII, déclare à l’époque que : « Paul Ier avait été victime d’une conspiration de palais où se trouvèrent l’or et la main du gouvernement britannique. » [réf. nécessaire]
On ignore toujours si le meurtre de Paul Ier était projeté par les conspirateurs (son fils Alexandre ne semblait pas s'y attendre) ou s'il a été le résultat d'un accident.
Un cuirassé de la Marine impériale russe porta le nom d'Empereur Paul Ier, affecté dans la flotte de la Baltique, il participa à la Première Guerre mondiale, à la révolution de Février 1917 et à la révolution d'Octobre 1917.