Clément XIII | ||||||||
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Biographie | ||||||||
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Nom de naissance | Carlo Castelbarco Pindemonte della Torre di Rezzonico | |||||||
Naissance | Venise, ![]() |
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Décès | (à 75 ans) Rome, ![]() |
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Pape de l’Église catholique | ||||||||
Élection au pontificat | (65 ans) | |||||||
Intronisation | ||||||||
Fin du pontificat | 10 ans, 6 mois et 27 jours |
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(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org | ||||||||
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Carlo Castelbarco Pindemonte della Torre di Rezzonico (Venise, – Rome, ), élu pape le sous le nom de Clément XIII (en latin Clemens XIII, en italien Clemente XIII).
Carlo della Torre di Rezzonico est le fils de Giambattista Rezzonico, l'homme qui avait acheté le Ca' Rezzonico, palais inachevé sur le Grand Canal, et achevé sa construction. Sa famille, comme leurs amis au Palazzo Labia, avait acheté ses lettres de noblesse vénitienne au milieu du XVIIe siècle, quand les caisses de l'État de Venise étaient au plus bas.
Éduqué par les Jésuites à Bologne, il fit des études de droit canonique et commença sa carrière en 1716, à la Curie romaine, comme référendaire au Tribunal suprême de la Signature apostolique. En 1725, il fut promu auditeur de la Rote romaine pour la république de Venise. Il fut nommé cardinal-diacre en 1737. En 1747 il fut consacré évêque de Padoue.
Il succéda en 1758 sur le trône de Pierre à Benoît XIV. La famille della Torre di Rezzonico était alors au faîte de sa puissance : la même année elle célébrait le mariage de Ludovico Rezzonico avec une épouse de la puissante famille des Savorgnan. le nouveau pontife romain avait mauvaise réputation pour son népotisme effréné.
En 1759, Clément XIII mit à l'Index l'Encyclopédie de d'Alembert et Diderot[1].
Pudique à l'excès, il fit recouvrir de feuilles de figuier fabriquées en série les sculptures classiques du Vatican.
Il fut le prédécesseur de Clément XIV
Le pontificat de Clément XIII fut troublé par les pressions continuelles que tentaient de faire sur lui les milieux français influencés par l'esprit des Lumières, pour qu'il supprimât les Jésuites. Une résistance plus inattendue vint des cours les moins portées au progrès, celles d'Espagne, des Deux-Siciles et du Portugal. En 1758, le Marquis de Pombal, ministre réformateur de Joseph Ier de Portugal (1750-1777) voulant établir dans son pays une église indépendante, une sorte d'anglicanisme lusitanien, expulsa les Jésuites du Portugal et les expédia en masse à Civitavecchia, comme « cadeau pour le Pape ». En 1760, Pombal renvoya à Rome le nonce apostolique et rappela l'ambassadeur du Portugal. Une brochure intitulée Brève Relation représenta les Jésuites comme ayant fondé en Amérique du Sud sous leur propre souveraineté un royaume pratiquement indépendant où ils tyrannisaient les Indiens, le tout pour servir leur insatiable ambition et leur avarice ; c'était un coup très grave pour les Jésuites.
En France, le Parlement de Paris, dominé par la haute bourgeoisie et qui affichait des sympathies jansénistes, commença au printemps 1761 à faire pression pour expulser les Jésuites de France. Quoiqu'une congrégation d'évêques réunie à Paris en décembre 1761 recommandât de ne rien faire, Louis XV (1715-1774) promulgua un ordre royal qui ne permettait à la Société de rester dans le royaume, que si certains changements étaient apportés dans leur constitution pour la conformer aux souhaits du Parlement et si l'on créait un vicaire-général des Jésuites français qui serait indépendant du général résidant à Rome. Le , le Parlement supprima les Jésuites en France, en imposant des conditions inacceptables à chacune de leurs demandes de rester dans le pays, Clément XIII répondit par une protestation contre la violation des droits de l'Église et cassa l'arrêt, mais les ministres de Louis XV ne pouvaient permettre qu'on annulât ainsi une loi française et le Roi finalement expulsa les Jésuites en novembre 1764.
Clément XIII soutint énergiquement l'ordre dans une bulle papale Apostolicum pascendi, le , où il repoussait comme des calomnies les critiques contre les Jésuites et louait l'utilité de l'ordre. En 1766, il rédigea la bulle Christianæ reipublicæ salus, contre les Lumières. Face à la France et au Portugal, il refusa de modifier les Constitutions de la Compagnie de Jésus. Tout cela fut presque partout ignoré : en 1768 les Jésuites avaient été expulsés de France, des Deux-Siciles et de Parme. En Espagne, ils se croyaient en sûreté, mais Charles III d'Espagne (1759-1788), impressionné par ce qu'on affirmait en France, choisit finalement d'agir encore plus énergiquement : dans la nuit du 2 au 3 avril 1767, toutes les maisons des Jésuites en Espagne furent soudainement encerclées, et ceux qui s'y trouvaient furent arrêtés, expédiés vers les ports dans les vêtements qu'ils portaient sur eux et entassés sur des bateaux qu'on envoya à Civitavecchia. Dans une lettre à Clément XIII, le Roi prévint que son allocation annuelle de 100 piastres serait retirée pour l'ordre entier si n'importe lequel de ses membres s'avisait à un moment quelconque d'écrire une justification quelle qu'elle fût ou de critiquer les motifs de leur expulsion.
C'est pratiquement le même sort qui les attendait dans les territoires du duc de Parme et Plaisance, un Bourbon, Ferdinand Ier, âgé de 17 ans, que conseillait le ministre libéral Guillaume du Tillot. En 1768, Clément XIII publia une protestation énergique (Monitorium) contre la politique du gouvernement de Parme. La question de l'investiture de Parme accrut les ennuis du Pape. Les Rois Bourbon soutinrent la cause de leur cousin, occupèrent Avignon, Bénévent et Pontecorvo et présentèrent conjointement une demande péremptoire pour la suppression totale des Jésuites (janvier 1769). Poussé dans ses derniers retranchements, Clément XIII consentit à convoquer un consistoire pour examiner la question, mais il mourut la veille même du jour où celui-ci devait se réunir ().