Fils de Maximilien II et petit-fils de Charles Quint (par sa mère), il abandonna la politique de son père tolérante au protestantisme, et appuya la Contre-Réforme. Bien qu'instruit, il ne présentait pas les qualités nécessaires pour régner : il fut sujet sur la fin de sa vie à des accès de folie qui favorisèrent l'intervention de membres de la famille dans les affaires impériales. Souverain introverti et mélancolique, médiocre politique, piètre combattant, admirateur de la vie et des femmes, protecteur des arts et des sciences (Arcimboldo, Spranger, Tycho Brahe, Le Caravage, Johannes Kepler, Michael Maier), mais aussi furieusement épris d’ésotérisme (son entourage fourmillait d’alchimistes et d’astrologues), Rodolphe II offre une multitude de visages.
Rodolphe II est l'aîné des fils de l'empereur Maximilien II et de son épouse Marie d'Autriche, fille de Charles Quint. Il passe sa jeunesse en Espagne, à la cour de son oncle Philippe II. Il rentre à Vienne en 1571 pour recevoir l'année suivante les couronnes de Hongrie et de Bohême. Après son élection au trône de Bohême le 7 septembre 1572, il s'installe au château de Prague, qui reste sa résidence principale jusqu'à sa mort[1].
Dans les premières années qui suivirent son avènement, Rodolphe II maintient la cour impériale à Vienne et garda auprès de lui les artistes qui travaillaient pour son père. Rodolphe transfère la résidence impériale à Prague en 1586. Le développement des fastes auliques fait de cette ville une brillante capitale cosmopolite pour les sciences et les arts ainsi qu'un centre d'élaboration et de diffusion du maniérisme du Nord.
Le Cabinet de curiosités de Rodolphe II est célèbre en son temps, et considéré en Europe comme le plus bel exemple de ces sortes de « musées privés ». Ses riches collections nous sont bien connues grâce à un inventaire pictural dressé vers 1600 et composé de nombreuses miniatures (aujourd'hui conservées à l'Österreichische Nationalbibliothek de Vienne).
La couronne de Rodolphe II deviendra plus tard la couronne de l'
Empire d'Autriche
Le Cabinet secret de Rodolphe II est moins souvent évoqué que le Cabinet de curiosités[2]. Le roi protecteur des arts et des sciences, passionné par l'ésotérisme, y a assemblé avec la collaboration des résidents de la Ruelle d'Or une formidable collection d'artefacts étranges. Ce Cabinet secret, situé sous le château, comptait cinq salles inventoriées par Lukas Imbert. Le monarque avait ainsi classé ses trésors par thème, établissant le premier catalogue ésotérique : une salle des chimères, une salle de divination et son fameux Tarot des Avatars, une salle d'armes, une salle des abominations et une étrange salle de la maquette du château. Lukas Imbert évoque également, dans son ouvrages Les Mystères de la Ruelle d'Or, l'existence d'autres salles aux accès dissimulés comme la salle des Automates, la salle des Offrandes, la salle de l'Échiquier et surtout la salle Le Caravage où aurait été conservée une toile (peut-être deux) du célèbre peintre italien.
Le château de Prague lui doit la construction de la monumentale Salle espagnole qui n'a d'espagnol ni l'architecte ni les décorateurs, mais dont le qualificatif provient de la pompeuse et pesante étiquette de la cour impériale que les Habsbourg avaient héritée de leur passage sur le trône d'Espagne.
Portrait de Rodolphe II en Vertumne, par
Arcimboldo (1590)
En 1595, son oncle, l'archiduc Ferdinand de Tyrol meurt sans héritier mâle légitime. La loi salique voudrait que ce soit Rodolphe, fils aîné du frère aîné de Ferdinand, qui prenne sa succession; mais Rodolphe permit que ce soit son frère Matthias, époux de la fille de Ferdinand, qui monte sur le trône d'Autriche antérieure, qui inclut le duché de Tyrol, la principauté de Vorarlberg en Autriche, le Sundgau en Alsace, les margraviats de Burgau et Brisgau en Allemagne et l’Argovie (berceau des Habsbourg en Suisse), entre autres.
Après octobre 1600, l’empereur Rodolphe II est atteint de crises de dépression ; il refuse à la fois d'exercer le pouvoir et de le déléguer à ses ministres[3].
Après la révolte en juin 1604 d’Étienne II Bocskai et de ses alliés ottomans, provoquée par la tentative de Rodolphe d'imposer le catholicisme en Hongrie, l'essentiel de la souveraineté passe à son frère Matthias. En 1608, celui-ci force Rodolphe à lui céder la Hongrie, l'Autriche et la Moravie. Cherchant à recevoir l'appui des États de Bohême, Rodolphe publie en 1609 une charte royale appelée le Majestät (« Lettre de Majesté »), garantissant la liberté de culte aux nobles et aux villes. Cependant, ses efforts restent vains : en réalité, il ne règne plus que sur la Bohême, et son autorité est ignorée au-delà[4].
En l'absence de descendance de Rodolphe, ses frères se partagent dès son vivant les territoires de la maison d'Autriche : Ferdinand obtient la Styrie, la Carinthie et la Carniole, Maximilien le Tyrol. En 1611, Rodolphe est forcé de céder la Bohême à son frère Matthias, qui est couronné le 26 mai. Il ne conserve plus que son titre impérial jusqu'à sa mort, qui survient quelques mois plus tard seulement, le 20 janvier 1612[5].
↑Pierre Béhar, Les langues occultes de la Renaissance, Desjonquières, chap. VI, p. 162-200 : "Les collections de Rodolphe II".
↑Annie Molinié-Bertrand, Alexandra Merle, L'Espagne et ses guerres: de la fin de la reconquête aux guerres d'indépendance, Presses Paris Sorbonne, (ISBN9782840503293, présentation en ligne)
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