1504, Rois Catholiques (Ferdinand II et Isabelle). Pièce de 4 Reales Cob en argent.Lieu de frappe : Séville (S) Période de frappe : 1469-1504 Valeur nominale : 4 Reales Cob en argent Référence : ME 2814, Calico Type 188/211. Dirigeants : Ferdinand V et Isabelle d’Espagne, les soi-disant « Rois catholiques ». Poids : 13,66 g Diamètre : 34 mm Matériau : argentRevers : Joug au-dessus d’une gerbe de flèches (emblème des rois catholiques) entre l’initiale d’atelier (P stylisé) dans le champ gauche. Légende : + REX E REGINA CAST E LEGION Avers : Armoiries royales couronnées, flanquées de l’initiale d’atelier de l’essayeur (S) et de la valeur (oIIII). Légende : + FERNANDVS ° ET ° ELISAVET ° DEI ° GRLes Rois Catholiques (los Reyes Católicos) est le titre collectif utilisé dans l’histoire pour la reine Isabelle I de Castille et le roi Ferdinand II d’Aragon. Le titre de « roi et reine catholiques » leur a été conféré par le pape Alexandre VI. Ils se sont mariés le 19 octobre 1469, dans la ville de Valladolid ; Isabelle avait dix-huit ans et Ferdinand un an plus jeune. Leur mariage a uni les deux couronnes sous la même lignée.Isabelle fut nommée héritière du trône de Castille par son demi-frère Henri IV de Castille. Elle devint reine de Castille en 1474. Son mari Ferdinand devint roi d’Aragon en 1479 et leur mariage unifia les deux royaumes. Ils étaient des dirigeants forts qui travaillèrent également à l’unification physique de l’Espagne. Cela fut en grande partie réalisé après la conquête de Grenade en 1492. La naissance du fils d’Isabelle en 1478 consolida la stabilité politique car elle signifiait une ligne de succession claire pour le trône d’Espagne.Les Rois Catholiques décidèrent de restaurer l’autorité royale en Espagne. Pour y parvenir, ils créèrent d’abord un groupe appelé la Sainte Confrérie. Ces hommes furent utilisés comme force de police judiciaire pour l’Espagne. Pour remplacer les tribunaux, les Rois Catholiques créèrent le Conseil Royal et nommèrent des magistrats en chef (juges) pour diriger les villes et les cités. Cette instauration de l’autorité royale est connue sous le nom de Pacification de la Castille et peut être considérée comme l’une des étapes cruciales vers la création de l’un des premiers États-nations forts d’Europe.Ferdinand et Isabelle étaient connus pour être les monarques de l’Espagne nouvellement unifiée à l’aube de l'ère moderne. Les rois avaient pour objectif d’achever la reconquête chrétienne de la péninsule ibérique et de conquérir le royaume musulman de Grenade. Les débuts d’une série de campagnes connues sous le nom de guerre de Grenade ont commencé avec l’attaque d’Alhama, une ville d’Andalousie. L’attaque était menée par deux nobles andalous Rodrigo Ponce de León et Diego de Merlo. La ville est tombée aux mains des forces andalouses en 1492. La guerre de Grenade a été facilitée par le pape Sixte IV en accordant aux monarques une dîme et en instaurant un impôt de croisade pour investir dans la guerre. Après 10 ans de nombreuses batailles, la guerre de Grenade a pris fin en 1492 lorsque l'émir Boabdil a remis les clés du palais de l’Alhambra à Grenade aux soldats castillans.Ferdinand et Isabelle avaient également supervisé l’expulsion des Maures et des Juifs d’Espagne. Entre 1480 et 1492, des centaines de conversos (Juifs ou Maures convertis au catholicisme) furent arrêtés, emprisonnés, interrogés ou brûlés en Castille et en Aragon. Selon John Edwards, auteur de Ferdinand et Isabelle : profils au pouvoir, les rois estimèrent qu’il était « nécessaire d'éliminer un danger véritablement mortel de la société espagnole : les Juifs se faisant passer pour des chrétiens catholiques détruisent l'Église en son sein ». Des initiatives politiques furent également élaborées après deux incidents impliquant des Juifs. Le premier, survenu en 1490, prétendait qu’un converso nommé Benito Garcia avait volé l’hostie ou le pain sans levain de la messe. On croyait que ceux qui volaient les hosties dans les églises étaient inspirés par le diable. Les enquêteurs, ou plutôt la police judiciaire, avaient affirmé qu’il y avait eu une conspiration entre dix conversos et des juifs, non seulement pour voler l’Eucharistie, mais aussi pour capturer un jeune garçon de La Guardia, près de Tolède. Ils en avaient conclu que les juifs avaient enlevé le jeune garçon et l’avaient forcé à subir la même crucifixion que Jésus. Tous les conspirateurs furent reconnus coupables en 1491, mais aucun corps d’enfant ne fut jamais retrouvé.De tels incidents ne firent qu’accroître l’influence de l’Inquisition sur le peuple espagnol. En 1492, Ferdinand et Isabelle ordonnèrent la ségrégation des communautés pour créer des quartiers fermés qui finirent par devenir des « ghettos ». Cette ségrégation, courante à l'époque, aggrava également les problèmes économiques des Juifs et d’autres en augmentant les impôts et les restrictions sociales. Finalement, en 1492, avec le décret de l’Alhambra, les Juifs d’Espagne reçurent quatre mois des monarques pour se convertir complètement au catholicisme ou quitter l’Espagne. Des dizaines de milliers de Juifs quittèrent l’Espagne pour d’autres pays comme le Portugal, l’Afrique du Nord, l’Italie et l’Empire ottoman. Plus tard en 1492, Ferdinand avait publié une lettre adressée aux Juifs qui avaient quitté la Castille et l’Aragon, pour les inviter à revenir en Espagne s’ils étaient chrétiens.Ils autorisèrent l’expédition de Christophe Colomb, qui reçut le nom d’Amiral de la Mer Océane par les monarques, qui apporta la connaissance du Nouveau Monde à l’Europe. La première expédition de Colomb vers les prétendues Indes débarqua en fait aux Bahamas le 12 octobre 1492. Il débarqua sur l'île de Guanahani, qu’il baptisa San Salvador. Il continua vers Cuba, qu’il baptisa Juana, et termina son voyage sur l'île de Saint-Domingue, qu’il baptisa La Española. Son deuxième voyage commença en 1493, au cours duquel il découvrit d’autres îles des Caraïbes, dont Porto Rico. Son objectif principal était de coloniser les découvertes existantes avec les 1 500 hommes qu’il avait amenés la deuxième fois. Colomb termina sa dernière expédition en 1498 et découvrit Trinidad et la côte de l’actuel Venezuela. Les colonies établies par Colomb et les conquêtes dans les Amériques au cours des décennies à venir conduisirent à un afflux de richesses en Espagne, remplissant les caisses du nouvel État qui se révélerait être l’hégémonie de l’Europe pour les deux siècles suivants.Isabelle a assuré la stabilité politique à long terme de l’Espagne en organisant des mariages stratégiques pour chacun de ses cinq enfants ; la sécurité politique était importante pour qu’un pays soit considéré comme une grande puissance. Sa fille aînée, Isabelle, a épousé Alphonse de Portugal, forgeant des liens importants entre ces deux pays voisins et espérant assurer la paix et une future alliance. Juana, la deuxième fille d’Isabelle, a épousé Philippe le Beau, le fils de l’empereur du Saint-Empire romain germanique Maximilien Ier. Cela a assuré l’alliance avec le Saint-Empire romain germanique, un territoire puissant et étendu qui a assuré la future sécurité politique de l’Espagne. Le premier et unique fils d’Isabelle, Juan, a épousé Marguerite d’Autriche, maintenant des liens avec la dynastie des Habsbourg, sur laquelle l’Espagne s’appuyait fortement. Son quatrième enfant, Maria, a épousé Manuel Ier de Portugal, renforçant le lien forgé par le mariage de sa sœur aînée. Son cinquième enfant, Catherine, a épousé Henri VIII, roi d’Angleterre, et a été mère de la reine Marie Ier.Leur devise commune était « Tanto monta, monta tanto ». La devise a été créée par Antonio de Nebrija et était soit une allusion au nœud gordien : Tanto monta, monta tanto, cortar como desatar (« ...couper comme délier »), soit une explication de l'égalité des monarques : Tanto monta, monta tanto, Isabel como Fernando (« ..., Isabelle comme Ferdinand »)Leur symbole était le joug et les flèches, un joug et un faisceau de flèches. Le joug est une autre allusion au nœud gordien. Y et F sont les initiales d’Ysabel (orthographe archaïque) et de Fernando. Ce symbole fut plus tard utilisé par le parti politique fasciste espagnol Phalange, qui prétendait représenter la gloire héritée et les idéaux des Rois Catholiques.